« Ils ſeroient mieux s’ils reſſembloient
Aux ſilenes de l’ancien temps,
Qui, comme Socrates, eſtoient
Laides dehors, belles dedans.
« Anciennement on appeloit ſilenes, les boëttes d’apothicaires, parce que ſus icelles eſtoient repreſentées pluſieurs figures drolatiques & ridicules, telles que du bon Silenus, maiſtre de Bacchus, dans leſquelles on mettoit les plus fines & precieuſes drogues, ainſi que l’interprete l’Ariſtophane François que i’aime ſuiure plutôt que l’interpretation que donne Eraſme, ſur le prouerbe Sileni Alcibiadis. Or auiourd’huy par le contraire, elles ſont belles exterieurement & n’y a dedans drogue qui guere vaille. » (ve livre, p. 61 de la reproduction de l’édit. de 1588, Bruxelles, 1863)
Les détails suivants, empruntés à un auteur technique, prouvent la rigoureuse exactitude de la description que Rabelais fait des boîtes d’apothicaires : « Les petites boëttes quarrées ſont artiſtement agencées & compoſées de quatre ou cinq petits ais, ſecs, courts, & bien elabourez : on met en icelles les eſcorces, les excroiſſances, les fleurs, les tablettes, les os, cornes, ongles, & autres parties des animaux après qu’elles ſont bien deſſechées… il n’y a que ceſt endroict des boettes & coffrets qui paroît à la veüe de ceux qui entrent en la boutique, qui ſoit orné, & embely de toute ſorte de peintures recreatiues, comme peuuent eſtre cerfs volans, viédazes empennez, centaures cul pelé, oiſons bridez, cannes baſtées, & autres ſemblables, entre leſquelles on a accouſtumé de laiſſer vn petit vuide quarré pour y eſcrire en lettres d’or ou d’azur, le nom de la drogue qui eſt contenüe en vne chacune d’elles ; quant au reſte des boëtes il eſt communément