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gargantua.

changements & une assez longue addition à la fin, de l’édition de 1532.

Gottlieb Régis en a publié le texte d’après cet exemplaire à la suite de sa traduction de Rabelais (t. II, p. lxxxv-cxxv). Toutes les variantes qu’elle présente ont été indiquées par Brunet dans sa reproduction des Grandes Cronicques de 1532 ; quant à nous, nous nous contenterons de signaler, dans les notes de la réimpression qui va suivre, les deux seuls passages importants où le texte de 1533 diffère de celui de 1532.

Régis a cru que l’original des Grandes Cronicques était anglais[1] ; M. Gaston Paris pense qu’elles ont été écrites par un auteur originaire de Normandie[2]. Il se fonde sur un assez grand nombre d’allusions à cette province ; mais il n’a pas remarqué que ces allusions sont presque toutes contenues dans un complément ajouté à l’édition de 1533. Dans celle de 1532, la plus ancienne que nous connaissions, nous trouvons seulement une mention assez peu carastéristique du Mont Saint-Michel & de Tombelaine, localités presque aussi bretonnes que normandes ; il est d’ailleurs assez longuement parlé de la Champagne & de la Beauce, où « la grant iument se print à esmoucher », de Paris, où Gargantua « se alla asseoir sur vne des tours de Nostre-Dame », & de beaucoup d’autres provinces & villes. Il me paraît donc tout à fait impossible de tirer quelque induction sérieuse des noms géographiques répandus dans les Grandes Cronicques pour découvrir la patrie de leur auteur.

Un fait longtemps contesté, mais qui nous paraît d’une certitude évidente, c’est que Rabelais a composé son Pantagruel, pour faire suite aux Grandes Cronicques, & qu’il n’a écrit son Gargantua que plus tard.

Il est impossible de s’exprimer plus clairement à ce

  1. T. II, p. cxxxi.
  2. Revue critique, 4e année, p. 328.