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sa Notice sur Gargantua[1], une liste assez étendue des légendes françaises relatives à ce personnage. Nous allons énumérer celles auxquelles se rattachent certaines dénominations locales :

« La popularité de Gargantua est grande, surtout dans les campagnes, au fond des villages & des hameaux. Sur tous les points de la France, les paysans ont à conter des prodiges incroyables de sa force, des miracles de son appétit. On dit encore dans la Beauce : manger comme un Gargantua. Son nom est resté attaché à une foule de monuments, & particulièrement à ceux que l’on appelle monuments celtiques ou druidiques.

« Dans la chaîne de montagnes de Sassenage (Isère) s’élève un rocher dont le sommet est composé de trois éminences en forme de dents canines ; on les désigne sous le nom de Dents de Gargantua ou de Roche proupena (de beaucoup de peine).

« Les Monts Jumeaux, aux environs de Châtillon-sur-Seine, sont appelés Bottes de Gargantua.

« À Verdes (Loir-&-Cher), on voit la Soupière de Gargantua. C’est une grande excavation évidemment faite de main d’homme, & près de laquelle se trouvent un tumulus & des pierres posées qui contribuent à lui donner une physionomie druidique. Sur le même territoire se trouve une pierre longue d’environ dix pieds, & échancrée dans le milieu, que les gens du pays prennent pour les Lunettes de Gargantua.

« Le géant a laissé dans divers endroits des monuments de ses jeux : un palet & une drue à Tripleville (Loir-et-Cher) ; un palet & une drue à Saint-Sigismond (Loiret) ; des palets à Changé, près Maintenon (Eure-&-Loire). Ces derniers sont un groupe de peulvens & de menhirs dont un seul reste encore debout. Suivant la tradition, Gargantua s’amusait à lancer vers un but des pierres en guise de disques : le but est le menhir

  1. Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France, tome XVII, pages 412-436.