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Comment Panurge expoſe l’enigme
de Grippe-minaud.


Chapitre XIII.


Grippe-minavd faiſant ſemblant n’entendre ce propos s’adreſſe à Panurge, diſant. Orça, orça, orça, & toy guoguelu n’y veux tu rien dire ? Reſpondit Panurge, or de par le diable là ie voy clerement que la peſte eſt icy pour nous, or de par le diable là, veu qu’Innocence n’y eſt point en ſeureté, & que le diable y chante meſſe, or de par le diable là. Ie vous prie que pour tous ie la paye, or de par le diable là, & nous laiſſes aller. Ie n’en puis plus[1], or de par le diable là. Aller, diſt Grippeminaud, orça, encores n’aduint depuis trois cens ans en ça, orça, que perſonne eſchappaſt de ceans, ſans y laiſſer du poil, orça, ou de la peau pour le plus ſouuent, orça. Car quoy, orça, ce ſeroit à dire que pardeuant nous icy ſerois iniuſtement conuenu, orça, & de par nous iniuſtement traité. Orça malheureux es tu bien, orça : mais encores plus le ſeras, orça, ſi ne reſponds à l’Enigme propoſé, orça, que veut-il dire, orça.

  1. Ie n’en puis plus. Ms. : Il ne pleut plus, c’est-à-dire : rien ne nous empêche de partir.