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prologve dv qvart livre

doulce, nepueu de l’aduocat de feu Amer, lequel diſoit l’æle du chapon gras eſtre mauuaiſe, & le croppion redoutable, le col aſſés bon, pourueu que la peau en fuſt oſtée : à fin que les malades n’en mangeaſſent, tout fuſt reſerué pour ſa bouche. Ainſi ont faict ces nouueaux Diables engipponnez, voyant tout ce monde en ſeruent appetit de voir & lire mes eſcriptz par les liures precedens, ont craché dedans le baſſin : c’eſt à dire les ont tous par leur maniment conchiez, decriez, & calumniez : en ceſte intention que perſonne ne les euſt, perſonne ne les leuſt, fors leurs Poiltronitez. Ce que i’ay veu de mes propres yeulx, ce n’eſtoit pas des aureilles : voyre iusque à les conſeruer religieuſement entre leurs beſongnes de nuict, & en vſer comme de breuiares à vſage quotidian. Ilz les ont tolluz es malades, es goutteux, es infortunez, pour lesquelz en leur mal eſiouyr, les auois faictz & compoſez. Si ie prenoie en cure tous ceulx qui tombent en meſhaing & maladie : Ia beſoing ne feroit mettre telz liures en lumiere & impreſſion.

Hippocrates ha faict vn liure expres, lequel il ha intitulé, de l’eſtat du parfaict medecin (Galien l’a illuſtré de doctes commentaires) auquel il commande rien n’eſtre au medecin (voyre iusques à particulariſer les ongles) qui puiſſe offenſer le patient : tout ce qu’eſt au medecin, geſtes, viſaige, veſtemens, parolles, regardz, touchement, complaire & delecter le malade. Ainſi faire en mon endroict, & à mon lourdoys ie me peine & efforce enuers ceulx, que ie prens en cure. Ainſi font mes compaignons de leur couſté : dont par aduenture ſommes dictz Parabolains, au long faucile, & au grand code, par l’opinion de deux Gringuenaudiers auſſi folement