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Comment Pantagruel conseille à Panurge de conferer
auecques vne Sibylle de Panzoust[1].


Chapitre XVI.


Pev de temps apres Pantagruel manda querir Panurge, & luy dist. L’amour que ie vous porte inueteré par succession de longs temps me sollicite de penser à vostre bien & profict. Entendez ma conception : On m’a dict que à Panzoust pres le Croulay est vne Sibylle tresinsigne, laquelle prædict toutes choses futures : prenez Epistemon de compaignie, & vous transportez deuers elle, & oyez de ce que vous dira. C’est (dist Epistemon) par aduenture vne Canidie, vne Sagane, vne Phitonisse & sorciere. Ce que me le faict penser, est que celluy lieu est en ce nom diffamé, qu’il abonde en sorcieres plus que ne feit oncques Thessalie. Ie ne iray pas voluntiers. La chose est illicite & defendue en la loy de Moses[2]. Nous (dist Pantagruel) ne sommez mie Iuifz, & n’est chose confessée ne auerée que elle soit sorciere. Remettons à vostre retour le grabeau & belutement de ces matieres. Que sçauons nous si c’est une vnzième Sibylle : vne seconde Cassandre ? Et ores que Sibylle ne feust, & de Sibylle

  1. « C’estoit vne dame de Panzoust, proche Chinon, qui ne fut point mariée & ne vouloit point l’estre, laquelle neantmoins estoit conviée de le faire par ses amis pendant qu’elle fut en aage de cela : elle mourut fort aagée. » (Alphabet de l’auteur François, au mot Sibylle)
  2. Deutéronome, xviii, 11.