Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/496

Cette page n’a pas encore été corrigée
488
le quart livre.


en la gueule d’une derniere cheminante, soubdain toutes s’arresteront.

Dedans un faulconneau de bronze il mettoit sus la pouldre de canon curieusement composee, degressee de son soulfre, & proportionnée avecques Camphre fin, en quantité competente, une ballote de fer bien qualibree, & vingt & quatre grains de dragee de fer, uns ronds & sphericques, aultres en forme lachrymale. Puys ayant prins sa mire contre un sien ieune paige, comme s’il le voulut ferir parmy l’estomach, en distance de soixante pas, on mylieu du chemin entre le paige & le Faulconneau en ligne droicte suspendoit sus une potence de bois à une chorde en l’air une bien grosse pierre Siderite, c’est à dire Ferriere, aultrement appellée Herculiane, iadis trouvée en Ide on pays de Phrygie par un nommé Magnes comme atteste Nicander. Nous vulgairement l’appellons Aymant. Puys mettoit le feu on Faulconneau par la bouche du pulverin. La pouldre consommée advenoit que pour eviter vacuité (laquelle n’est toleree en Nature, plus toust seroit la machine de l’Univers, Ciel, Air, Terre, Mer, reduicte en l’antique Chaos, qu’il advint vacuité en lieu du monde) la ballote & dragées estoient impetueusement hors iectez par la gueule du Faulconneau, afin que l’air penetrast en la chambre d’icelluy, laquelle aultrement restoit en vacuité estant la pouldre par le feu tant soubdain consommée. Les ballote & dragees ainsi violentement lancees sembloient bien debvoir ferir le paige : mais sus le poinct qu’elles approchoient de la susdicte pierre, se perdoit leur impetuosité, & toutes restoient en l’air flottantes & tournoyantes à tour de la pierre, & n’en passoit oultre une tant violente feust elle,