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chapitre xlviii.


grins ne congnoissez vous l’Unicque ?

Seigneurs (dist Epistemon) nous ne entendons telz termes. Mais exposez nous (s’il vous plaist) de qui entendez, & nous vous en dirons la verité sans dissimulation.

C’est (dirent ilz) celluy qui est. L’avez vous iamais veu ?

Celluy qui est, respondit Pantagruel, par nostre Theologique doctrine est Dieu. Et en tel mot se declaira à Moses. Oncques certes ne le veismes, Et n’est visible à œilz corporelz.

Nous ne parlons mie (dirent ilz) de celluy hault Dieu qui domine par les Cieulx. Nous parlons du Dieu en terre. L’avez vous oncques veu ?

Ilz entendent (dist Carpalim) du Pape sus mon honneur.

Ouy, ouy, respondit Panurge, Ouy Dea messieurs, i’en ay veu troys. A la veue des quelz ie n’ay guères profité.

Comment ? dirent ilz, nos sacres Decretales chantent qu’il n’y en a iamais qu’un vivent.

I’entends, respondit Panurge, les uns successivement après les aultres. Aultrement n’en ay ie veu qu’un à la foys.

O gens, dirent ilz, troys & quatre foys heureux, vous soyez les bien & plus que tresbien venuz.

Adoncques se agenoillèrent davant nous, & nous vouloient baiser les pieds. Ce que ne leurs voulusmes permettre, leurs remontrans que au Pape si là de fortune en propre persone venoit, ilz ne sçauroient faire d’adventaige.

Si ferions si, respondirent ilz. Cela est entre nous ià resolu. Nous luy baiserions le cul sans feuille & les couilles pareillement. Car il a couilles le père sainct, nous le trouvons par nos belles Decretales, aultrement ne seroit il Pape. De sorte qu’en subtile philosophie Decretaline ceste consequence est necessaire. Il est Pape, il a doncques couilles. Et quand couilles fauldroient on monde, le monde plus Pape n’auroit.