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le quart livre.


de Tyre & la battoit de toutes ses forces par plusieurs sepmaines, mais c’estoit en vain. Rien ne profitoient les engins & molitions. Tout estoit soubdain demoli & remparé par les Tyriens. Dont print phantasie de lever le siège, avecques grande melancholie voyant en cestuy departement perte insigne de sa reputation. En tel estrif & fascherie se endormit. Dormant songeoit qu’un Satyre estoit dedans sa tente dansant & saultelant avecques ses iambes bouquines. Alexandre le vouloit prendre, le Satyre tousiours luy eschapoit. En fin le Roy le poursuivant en un destroict le happa. Sus ce poinct se eveigla. Et racontant son songe aux philosophes & gens sçavans de sa court, entendit que les dieux luy promettoient victoire, & que Tyre tout bientôt seroit prinse : car ce mot Satyros divisé en deux est Sa Tyros, signifiant Tienne est Tyre. De faict au premier assault qu’il feist, il emporta la ville de force & en grande victoire subiugua ce peuple rebelle.

Au rebours consyderez comment par la signification d’un nom Pompée se desespera. Estant vaincu par Cæsar en la bataille Pharsalique, ne eut moyen aultre de soy saulver que par fuyte. Fuyant par mer arriva en l’isle de Cypre. Près la ville de Paphos apperceut sus le rivage un palais beau & sumptueux. Demandant au pilot comment l’on nommoit cestuy palais, entendit qu’on le nommoit K a k o b a s i l e i a, c’est à dire, Malroy. Ce nom luy feut en tel effroy & abomination, qu’il entra en desespoir, comme asceuré de ne evader que bien toust ne perdist la vie. De mode que les assistans & nauchiers ouirent ses cris, souspirs, & gemissemens. De faict peu de temps après un nommé Achillas paisant incongneu luy trancha la teste. Encores pourrions nous à ce propous