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le quart livre.


Et estoit le noble Bringuenarilles à cestuy matin trespassé, en façon tant estrange, que plus esbahir ne vous fault de la mort de Æschylus. Lequel comme luy eust fatalement esté par les vaticinateurs predict, qu’en certain iour il mourroit par ruine de quelque chose qui tomberoit sus luy : iceluy iour destiné, s’estoit de la ville, de toutes maisons, arbres, rochiers, & aultres choses esloingné, qui tomber peuvent, & nuyre par leur ruine. Et demoura on mylieu d’une grande praerie, soy commettant en la foy du ciel libre & patent, en sceureté bien asseurée, comme luy sembloit. Si non vrayement que le ciel tombast. Ce que croyoit estre impossible. Toutesfoys on dict que les Allouettes grandement redoubtent la ruine des cieulx. Car les cieulx tombans, toutes seroient prinses. Aussi la redoubtoient iadis les Celtes voisins du Rin : ce sont les nobles, vaillans, chevalereux, bellicqueux, & triumphans François : les quelz interrogez par Alexandre le grand, quelle chose plus en ce monde craignoient, esperant bien que de luy seul feroient exception, en contemplation de ses grandes prouesses, victoires, conquestes, & triumphes : respondirent rien ne craindre, si non que le ciel tombast. Non toutes foys faire refus d’entrer en ligue, confederation, & amitié avecques un si preux & magnanime Roy. Si vous croyez Strabo lib. 7. & Arrian lib. 1. Plutarche aussi on livre qu’il a faict De la face qui apparoist on corps de la Lune, allègue un nommé Phenace, lequel grandement craignoit que la Lune tombast en terre : & avoit commiseration & pitié de ceulx qui habitent soubs icelle, comme font les Æthiopiens & Taprobaniens : si une tant grande masse tomboit sus eulx. Du ciel & de la terre avoit paour semblable, s’ilz n’estoient deue-