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le qvart livre

parœce nommé Oudart, qui le ſeruoit de ſommellier, comme lors eſtoit la couſtume en France, & leurs diſt en preſence de ſes gentilhommes & aultres domeſticques. Enfans vous voyez en quelle faſcherie me iectent iournellement ces maraulx Chiquanous. I’en ſuys là reſolu, que ſi ne me aydez, ie delibere abandonner le pays, & prandre le party du Soubdan à tous les diables. Deſormais quand ceans ilz viendront, ſoyez preſtz vous Loyre & voſtre feme pour vous repreſenter en ma grande ſalle auecques vos belles robbes nuptiales, comme ſi l’on vous fianſoit, & comme premierement feuſtez fianſez. Tenez. Voyla cent eſcuz d’or, lesquelz ie vous donne, pour entretenir vos beaulx acouſtremens. Vous meſſire Oudart ne faillez y comparoiſtre en voſtre beau ſupellis & eſtolle, auecques l’eaue beniſte, comme pour les fianſer. Vous pareillement Trudon (ainſi eſtoit nommé ſon tabourineur) ſoyez y auecques voſtre flutte & tabour. La parolles dictes, & la mariee baiſee, au ſon du tabour vous tous baillerez l’vn à l’autre du ſouuenir des nopces, ce ſont petitz coups de poing. Ce faiſans vous n’en ſoupperez que mieulx. Mais quand ce viendra au Chiquanous, frappez deſſus comme ſus ſeigle verde ne l’eſpargnez. Tappez, daubez, frappez, ie vous en prie. Tenez preſentement ie vous donne ces ieunes guanteletz de iouſte, couuers de cheurotin. Donnez luy coups ſans compter à tors & à trauers. Celluy qui mieulx le daubera, ie recongnoiſtray pour mieulx affectionné. N’ayez paour d’en eſtre reprins en iuſtice, Ie ſeray guarant pour tous. Telz coups ſeront donnez en riant, ſcelon la couſtume obſeruee en toutes fianſailles.[1]

Voyre mais, demanda Oudart, à quoy congnoiſ-

  1. La couſtume obſeruee en toutes fianſailles. « Apres les coups de poings de fiançailles, à la mode du païs, Claribel changea le dueil de ſon pere, pour les ioyes d’vn nouueau mariage, « (Yver, poitevin, Le Printemps d’Yver, journée 5)