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peu estroict pour tant de gens, et singulierement les estables ; donc le maistre d’hostel et fourrier dudict seigneur de Painensac, pour sçavoir si ailleurs en la maison estoient estables vacques, s’adresserent à Gargantua, jeunet garsonnet, luy demandans secrettement où estoient les estables des grands chevaulx, pensans que voluntiers les enfans decellent tout.

Lors il les mena par les grands degrez du chasteau, passant par la seconde salle, en une grande gualerie par laquelle entrerent en une grosse tour, et, eulx montans par d’aultres degrez, diste le fourrier au maistre d’hostel :

«  Cetst enfant nous abuse, car les estables ne sont jamais au hault de la maison.

— C’est (dist le maistre d’hostel) mal entendu à vous, car je sçay des lieux, à Lyon, à La Basmette, à Chaisnon et ailleurs, où les estables sont au plus hault du logis ; ainsi, peut estre que derriere y a yssue au montouer. Mais je le demanderay plus asseurement. »

Lors demanda à Gargantua :

«  Mon petit mignon, où nous menez vous ?

— À l’estable (dist il) de mes grands chevaulx. Nous y sommes tantost, montons seulement ces eschallons. »

Puis, les passant par une aultre grande salle, les mena en sa chambre, et, retirant la porte :

«  Voicy (dist il) les estables que demandez ; voylà mon genet, voylà mon guildin, mon lavedan, mon traquenard »

Et, les chargent d’un gros livier :

«  Je vous donne (dist il) ce phryzon ; je l’ay eu de Francfort, mais il sera vostre ; il est bon petit chevallet et de grand peine. Avecques un tiercelet d’autour, demye douzaine d’hespanolz et deux levriers, vous voylà roy des perdrys et lievres pour tout cest hyver.

— Par sainct Jean ! (dirent ilz) nous en sommes bien ! À ceste heure avons