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chemin avecques ses compaignons. Et quand il fut pres du camp des ennemys, Panurge luy dist. Seigneur voulez vous bien faire ? Devallez ce vin blanc d’Aniou de la hune, & beuvons icy à la Bretesque. À quoy se condescendit voulentiers Pantagruel, et beurent si bien qu’il n’y demoura la seule goutte des deux cens trente & sept poinsons excepté une ferriere de cuir bouilly de Tours que Panurge emplyt pour soy : Car il l’appeloit son vademecum, et quelques meschantes baissieres pour le vinaigre. Apres qu’ilz eurent bien tiré au chevrotin, Panurge donna à manger à Pantagruel quelque diable de drogues composées de lithontripon, nephrocatarticon, coudinar cantharidizé et aultres especes diureticques.

Ce faict Pantagruel dist à Carpalim, Allez vous en la ville en gravant comme ung rat la muraille, comme bien sçavez faire, et leur dictes qu’à heure presente ilz sortent & donnent sur les ennemys tant roiddement qu’ilz pourront : & ce dit, descendez vous en, prenant une torche allumée, avecques laquelle vous mettrez le feu dedans toutes les tentes & pavillons du camp : et ce faict, vous cryerez tant que pourrez de vostre grosse voix, & partez dudict camp.

Voire mais, dist Carpalim, seroit ce pas bon que ie enclouasse toute leur artillerie ?

Non non, dist Pantagruel, mais bien mettez le feu en leur pouldres.

À quoy obtemperant Carpalim partit soubdain & fist comme avoit esté decreté par Pantagruel, & sortirent de la ville tous les combatans qui y estoient. Et lors qu’il eut mys le feu par les tentes & pavillons, passoit legierement par sur eulx sans qu’ilz en sentissent rien tant ilz ronfloient & dormoient parfondement. Il vint au lieu où estoit l’artillerie & mist le feu en leurs munitions, (mais ce feust le dangier) le feu fut si