Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comment Gargantua fut vnze moys porté ou ventre de sa mere.

Chapitre III.



Grandgovsier estoit bon raillard en son temps, aymant à boyre net autant que homme qui pour lors fust au monde, & mangeoit voluntiers salé. A ceste fin auoit ordinairement bonne munition de iambons de Magence & de Baionne, force langues de beuf fumees, abondance de andouilles en la saison & beuf sallé à la moustarde. Renfort de boutargues, prouision de saulcisses, non de Bouloigne (car il craignoit ly boucon de Lombard) mais de Bigorre, de Lonquaulnay, de la Brene, & de Rouargue. En son eage virile espousa Gargamelle, fille du roy des Parpaillos, belle gouge & de bonne troigne. Et faisoient eux deux souuent ensemble la beste à deux doz, ioyeusement se frotans leur lard, tant qu’elle engroissa d’vn beau filz, & le porta iusques à l’vnziesme moys.

Car autant, voire d’aduantage, peuuent les femmes ventre porter, mesmement quand c’est quelque chef d’œuure, & personnage que doibue en son temps faire grandes prouesses. Comme dict Homere que l’enfant