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il seroit bon deliberer de ce qu’est à faire affin que ne semblons es Atheniens, qui ne consultoient jamais, sinon après le cas faict. Estez vous deliberez de vivre et mourir avecques moy ?

Seigneur, ouy, (dirent ilz tous) ; tenez vous asseuré de nous comme de voz doigtz propres.

Or, (dist il), il n’y a q’un poinct que tienne mon esperit suspend et doubteux ; c’est que je ne sçay en quel ordre ny en quel nombre sont les ennemis qui tiennent la ville assiegée, car, quand je le sçauroys, je m’y en iroys en plus grande asseurance. Par ce, advisons ensemble du moyen comment nous le pourrons sçavoir.

À quoy tous ensemble dirent :

Laissez nous y aller veoir et nous attendez icy ; car, pour tout le jourd’huy, nous vous en apporterons nouvelles certaines.

Je (dist Panurge) entreprens de entrer en leur camp par le meillieu des guardes et du guet, et bancqueter avec eulx et bragmarder à leurs despens, sans estre congneu de nully, visiter l’artillerie, les tentes de tous les capitaines, et me prelasser par les bandes, sans jamais estre descouvert. Le diable ne me affineroit pas, car je suis de la lignée de Zopyre.

Je (dist Epistemon) sçay tous les stratagemates et prouesses des vaillans capitaines et champions du temps passé et toutes les ruses et finesses de discipline militaire. Je iray, et, encores que feusse descouvert et decelé, j’eschapperay en leur faisant croire de vous tout ce que me plaira, car je suis de la lignée de Sinon.

Je (dist Eusthenes) entreray par à travers leurs tranchées, maulgré le guet et tous les gardes, car je leur passeray sur le ventre et leur rompray bras et jambes, et feussent ilz aussi fors que le diable, car je suis de la lignée de Hercules.

Je (dist Carpalim) y entreray si les oyseaulx y entrent ; car j’ay le corps tant allaigre que je auray saulté