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quelque formalité de la relation du sergeant. Une aultre foys ie formay complaincte à la court contre les mulles des Presidens, Conseilliers, & aultres : tendant à fin que quand en la basse court du Palays l’on les mettroit à ronger leur frain, que les Conseilleres leur feissent de belles baverettes affin que de leur bave elles ne gastassent point le pavé en sorte que les paiges du palays peussent iouer dessus à beaulx detz, ou au reniguebieu à leur ayse, sans y rompre leurs chausses aux genoux. Et de ce en euz bel arrest : mais il me couste bon. Or sommez à ceste heure combien me coustent les petitz bancquetz que ie fays aux paiges du palays de iour en iour.

Et à quelle fin ? dis ie. Mon amy (dist il) tu ne as nul passetemps en ce monde. Ien ay moy plus que le roy. Et si tu vouloys te rallier avecques moy, nous serions diables.

Non non (dis ie) par sainct Adauras : car tu seras une foys pendu.

Et toy (dist il) tu seras une foys enterré, lequel est plus honorable ou l’air ou la terre ? He grosse pecore. Ce pendant que ces paiges bancquettent ie garde leurs mulles, & tousiours ie couppe à quelqu’une l’estriviere du cousté du montouer qu’elle ne tient que à ung fillet. Et quand le gros enflé de Conseillier ou aultre a prins son bransle pour monter sus, ilz tombent tous platz comme porcs devant tout le monde : & aprestent à rire pour plus de cent frans. Mais ie me rys encores davantaige, c’est que eulx arrivez au logis ilz font foueter monsieur du page comme seigle vert, par ainsi ie ne plains point ce que m’avoit cousté à les bancqueter.

Fin de compte il avoit (comme ay dit dessus) soixante & troys manieres de recouvrer argent : mais il en avoit deux cens quatorze de le despendre, hors mis la reparation de dessoubz le nez.