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Comment Pantagruel, estant à Paris, receut letres de son pere Gargantua, et la copie d’icelles.

Chapitre VIII.



Pantagruel estudioit fort bien, comme assez entendez, et proufitoit de mesmes, car il avoit l’entendement à double rebras et capacité de memoire à la mesure de douze oyres et botes d’olif. Et, comme il estoit ainsi là demourant, receut un jour lettres de son pere en la maniere que s’ensuyt :

Tres chier filz, entre les dons, graces et prerogatives desquelles le souverain plasmateur, Dieu tout puissant, a endouayré et aorné l’humaine nature à son commencement, celle me semble singuliere et excellente par laquelle elle peut, en estat mortel, acquerir espece de immortalité et, en decours de vie transitoire, perpetuer son nom et sa semence ; ce que est faict par lignée yssue de nous en mariage legitime. Dont nous est aulcunement instauré ce que nous feut tollu par le peché de nos premiers parens, esquelz fut dict que, parce qu’ilz n’avoyent esté obeyssans au commendement de Dieu le createur, ilz mourroyent et, par mort, seroit reduicte à neant ceste