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PROLOGE

L’Iliade & Odyssee, pensast es allegories lesquelles de luy ont calfreté Plutarche, Heraclides Ponticq, Eustatie, Phornute, & ce que d’iceulx Politian a desrobé ? Si le croiez : vous n’approchez ne de pieds ne de mains à mon opinion, qui decrete icelles aussi peu auoir esté songees d’Homere, que d’Ouide en ses Metamorphoses, les sacremens de l’euangile : lesquelz vn frere Lubin vray croquelardon s’est efforcé demonstrer, si d’aduenture il rencontroit gens aussi folz que luy : & (comme dict le prouerbe) couuercle digne du chaudron.

Si ne le croiez : quelle cause est, pourquoy autant n’en ferez de ces ioyeuses & nouuelles chronicques ? Combien que les dictans n’y pensasse en plus que vous, qui par aduenture beuiez comme moy. Car à la composition de ce liure seigneurial, ie ne perdiz ne emploiay oncques plus ny aultre temps, que celluy qui estoit estably à prendre ma refection corporelle : sçauoir est, beuuant & mangeant. Aussi est ce la iuste heure d’escrire ces haultes matieres & sciences profundes. Comme bien faire sçauoit Homere paragon de tous Philologes, & Ennie pere des poetes latins, ainsi que tesmoigne Horace, quoy q’vn malautru ait dict, que ses carmes sentoyent plus le vin que l’huile.

Autant en dict vn Tirelupin de mes liures, mais bren pour luy. L’odeur du vin, ô combien plus est friant, riant, priant, plus celeste, & delicieux que d’huille ? Et prendray autant à gloire qu’on die de moy, que plus en vin aye despendu que en huyle, que fist Demosthenes, quand de luy on disoit, que plus en huyle que en vin despendoit. A moy n’est que honneur & gloire d’estre dict & reputé bon gaultier & bon compaignon : & et en ce nom suis bien venu en toutes bonnes compaignies de Pantagruelistes : A Demos-