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Comment le moyne amena les pelerins et les bonnes parolles que leur dist Grandgousier.

Chapitre XLV.



Ceste escarmouche parachevée, se retyra Gargantua avecques ses gens, excepté le moyne et sus la poincte du jour se rendirent à Grandgousier, lequel en son lict prioit Dieu pour leur salut et victoire, et, les voyant tous saulfz et entiers, les embrassa de bon amour et demanda nouvelles du moyne. Mais Gargantua luy respondit que sans doubte leurs ennemys avoient le moyne. « Ilz auront (dist Grandgousier) doncques male encontre », ce que avoit esté bien vray.

Pourtant encores est le proverbe en usaige de bailler le moyne à quelc’un.

Adoncques commenda qu’on aprestat très bien à desjeuner pour les refraischir. Le tout apresté, l’on appella Gargantua ; mais tant luy grevoit de ce que le moyne ne comparoit aulcunement, qu’il ne vouloit ny boire ny manger.

Tout soubdain le moyne arrive et, dès la porte de la basse court, s’escria :

«  Vin frays, vin frays, Gymnaste, mon amy ! »

Gymnaste sortit et veit que c’estoit Frere Jean qui amenoit cinq pelerins et Toucquedillon prisonnier.