Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’a dit que Thaumaste en feist ung grand livre imprimé à Londre, auquel il declaire tout sans riens laisser : par ce ie m’en deporte pour le present.

Comment Panurge fut amoureux d’une haulte dame de Paris, et du tour qu’il luy fist. xxxxx Cha. xiiii.

Vignette 90
Vignette 90

ANURGE commença à estre en reputation en la ville de Paris par ceste disputation qu’il obtint contre l’Angloys, et faisoit des lors bien valoir sa braguette, et la feist au dessus esmoucheter de broderie à la Tudesque. Et le monde le louoit publicquement, et en fut faict une chanson, dont les petitz enfans alloient à la moustarde : et estoit bien venu en toutes compaignies de dames et damoyselles, en sorte qu’il devint glorieux, si bien qu’il entreprint de venir au dessus d’une des grandes dames de la ville. De faict laissant ung tas de longs prologues et protestations que font ordinairement ces dolens contemplatifz amoureux de quaresme, luy dit ung iour. Ma dame, ce seroit ung bien fort utile à toute la republicque, delectable à vous, honneste à vostre lignée, et à moy necessaire, que feussiez couverte de ma race, et le croyez, car l’experience vous le demonstrera. La dame à ceste parolle le reculla plus de cent lieues, disant. Meschant fou vous appertient il de me tenir telz propos ? Et à qui pensez vous parler ? allez, ne vous trouvez iamais devant moy car si n’estoit pour ung petit, ie vous feroys coupper bras et iambes ? Or (dist il) ce me seroit tout ung d’avoir bras et iambes couppez, en condition que nous fissions vous et moy ung transon de chere lie iouant des manequins à basses marches : car (monstrant sa longue braguette) voicy