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sens tant esmeu en voz espritz, que bien tost tomberiez en quelque fiebvre ephemere par c’est exces de pensement : mais premier beuvant vingt et cinq ou trente bonnes foys retirez vous et dormez à votre aise, car de matin ie respondray et argueray contre monsieur l’Angloys, et au cas que ie ne le mette ad meta non loui, dictes mal de moy, dont dist Pantagruel. Voire mais mon amy Panurge, il est merveilleusement sçavant, comment luy pourras tu satisfaire ? Tresbien, respondit Panurge, Ie vous pry n’en parlez plus, et m’en laissez faire, y a il homme tant sçavant que sont les diables ? Non vrayement dist Pantagruel, sans grace divine speciale. Et toutesfoys, dist Panurge, iay argué maintesfoys contre eulx, et les ay faictz quinaulx et mys de cul. Par ce soyez asseuré de cet Angloys, que ie vous le feray demain chier vinaigre devant tout le monde. Ainsi passa la nuyct Panurge à chopiner avecques les paiges et iouer toutes les aiguillettes de ses chausses à primus et secundus, ou à la vergette. Et quand ce vint à l’heure assignée il conduysit son maistre Pantagruel au lieu constitué. Et hardiment qu’il n’y eut petit ny grand dedans Paris qu’il ne se trouvast au lieu : pensant, ce diable de Pantagruel, qui a convaincu tous les Sorbonicoles, à cest heure aura son vin, car cest Angloys est ung aultre diable de Vauvert, nous verrons qui en gaignera. Ainsi tout le monde assemblé, Thaumaste les attendoit. Et lors que Pantagruel et Panurge arriverent à la salle, tous ces grymaulx, artiens, et intrans commencerent à frapper des mains, comme est leur badaude coustume, mais Pantagruel s’escrya à haulte voix, comme si ce eust esté le son d’ung double canon, disant. Paix de par