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laudant lung laultre, & ainsi eschappe gaillard & dehayt.

Comment Panurge enseigne une maniere bien nouvelle de bastir les murailles de Paris. xxxxx Cha. xi

Vignette 67
Vignette 67

ANTAGRUEL quelque iour pour se recreer de son estude se pourmenoit vers les faulxbourgs sainct Marceau voulant veoir la follie Gobelin, & Panurge estoit avecques luy, ayant tousiours le flaccon soubz la robbe, & quelque morceau de iambon : car sans cela iamais ne alloit il, disant que cestoit son garde corps : & aultre espee ne portoit il. Et quand Pantagruel luy en voulut baillier une, il respondit, quelle luy eschaufferoit la ratelle. Voire mais, dist Epistemon, si lon se assailloit comment te defendroys tu ? A grands coups de brodequin, respondit il, pourveu que les estocz seussent descenduz. A leur retour Panurge conſideroit les murailles de la ville de Paris, & en irrision dist a Pantagruel. Voy ne cy pas de belles murailles, pour garder les oysons en mue ? Par ma barbe, elles sont competentement meschantes pour une telle ville comme est ceste cy, car une vasche avecques ung pet en abattroit plus de six brasses. Ô mon amy, dist Pantagruel, scez tu pas bien ce que dist Agesilaus, quand on luy demanda : Pourquoy la grande cite de Lacedemone nestoit pas ceincte de murailles ? Car monstrant les habitans & citoyens de la ville tant bien expers en discipline militaire, tant forz & bien armez. Voicy, dist il, les murailles de la cite. Signifiant quil nest murailles que de os, & que les villes ne scauroient avoir muraille plus seure & plus forte que de la vertuz des habitans. Ainsi ceste ville est si forte