Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme a faict ce bon Pantagruel, nous sommes heureux de lavoir en ce pays. Et de faict lon le voulut faire maistre des resquestes, et president en la court : mais il refusa tout, les remerciant gracieusement, car il y a (dist il) trop grand servitude a ces offices, et a trop grand peine peuvent estre saulvez ceulx qui les exercent, veu la corruption des hommes. Mais si avez quelque bon poinsson de vin, voulentiers ien recepvray le present. Ce quilz firent voulentiers, et luy envoyerent du meilleur de la ville, et beut assez bien. Mais le pouvre Panurge en beut vaillament, car il estoit exime comme ung harang soret. Aussi alloit il du pied comme ung chat maigre. Et quelquung ladmonesta en disnant, disant. Compere tout beau, vous faictes rage de humer. Par saint Thibault (dist il) tu dys vray, et si ie montasse aussi bien comme ie avalle, ie feusse desia au dessus de la sphere de la lune, avecques Empedocles. Mais ie ne scay que diable cecy veult dire, ce vin est fort bon et bien delicieux, mais tant plus bien ien boy, tant plus iay soif. Ie croy que lumbre de monseigneur Pantagruel engendre les alterez, comme la lune faict les catarrhes. A quoy se prindrent a rire les assistans. Ce que voyant Pantagruel, dist. Panurge quest ce que avez a rire. Seigneur (dist il) ie leur contoys, comment ces diables de Turcqs sont bien malheureux de ne boire point de vin. Si aultre mal ny avoit en lAlchoran de Mahumet, encores ne me mettroys ie pas de la foy. Mais or me dictes comment, dist Pantagruel, vous eschappates de leurs mains ? Par dieu seigneur, dist Panurge, ie ne vous en mentiray de mot. Les paillards Turcqs mes avoient mys en broche tout larde, comme ung connil, pour me faire roustir tout vif.