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ce que avez peu, pro et contra, et au cas que leur controverse estoit patente et facile a iuger, vous lavez obscurcie par sottes et deraisonnables raisons et ineptes opinions de Accurse, Balde, Bartole, de Castro, de Imola, Hippolytus, Panorme, Bertachin, Alexandre, Curtius, et ces aultres vieulx mastins, qui iamais nentendirent la moindre loy des Pandectes : et nestoient que gros veaulx de disme, ignorans de tout ce quest necessaire à lintelligence des loix. Car (comme il est tout certain) ilz navoient congnoissance de langue ny Grecque ny Latine, mais seulement de Gothicque et Barbare. Et touteffois les loix sont premierement prinses des Grecz, comme vous avez le temoignage de Ulpian, l. posteriori de orig. juris. et toutes les loix sont pleines de sentences et motz Grecz : et secondement sont redigees en Latin le plus elegant et aorne qui soit en toute la langue Latine, et nen excepte ny Saluste, ny Varron, ny Ciceron, ny Pline, ny Senecque, ny T. Live, ny Quintilian. Comment doncques eussent peu entendre ces vieux resveurs le texte des loix, qui iamais ne virent bon livre de langue Latine ? comme manifestement il appert a leur stille, qui est stille de ramonneur de cheminee, ou de cuysinier et marmiteux non de Iurisconsulte. Davantaige veu que les loix sont extirpees du meillieu de philosophie morale et naturelle, comment lentendront ces folz qui ont par dieu moins estudie en philosophie que ma mulle ? Et au regard des lettres de humanite, et de congnoissance des antiquitez et histoires, ilz en estoient chargez comme ung crapault de plumes, et en usent comme ung crucifix dun pifre, dont touteffois les droictz sont tous plains, et sans ce ne peuvent estre en-