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il me apperceut, il me demanda. Dont viens tu Alcofrybas ? Et ie luy responds, de vostre guorge monsieur. Et despuis quand y es tu ? dist il. Despuis (dis ie) que vous alliez contre les Almyrodes. Il y a (dist il) plus de six moys. Et de quoy vivoys tu ? que mangeoys tu ? que beuvoys tu ? Ie responds. Seigneur de mesmes vous, et des plus fryans morceaux qui passoient par vostre guorge ie prenoys le barraige. Voire mais (dist il) où chyois tu ? En vostre guorge monsieur, dys ie. Ha ha tu es gentil compaignon, dist il. Nous avons avecques l’ayde de dieu conquesté tout le pays des Dipsodes ie te donne la chastellenie de Salmigondin. Grant mercy (dys ie) monsieur.

Comment Pantagruel fut malade, et la façon comment il guerit. xxxxx Cha. xxiii

Vignette 134
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Eu de temps apres le bon Pantagruel tumba malade, et fut tant prins de l’estomach qu’il ne povoit boire ny manger, et par ce qu’ung malheur ne vient iamais seul, il luy print une pisse chaulde, qui le tormenta plus que ne penseriez : mais ses medecins le secoururent tresbien et avecques force de drogues diureticques le feirent pisser son malheur. Et son urine estoit si chaulde que despuis ce temps là elle n’est point encores refroidye. Et en avez en france en divers lieux selon qu’elle print son cours : et l’on l’appelle les bains chaulx, comme à Coderetz, à Limous, à Dast, à Balleruc, à Neric, à Bourbonensy, et ailleurs. En Italie à Mons grot, à Appone, à Sancto Pedro dy Padua, à Saincte Helene, à Casa Nova, à Sancto Bartholomeo. En la comté de Bouloigne à la Porrette, et mille aultres lieux. Et m’esbahys grandement d’ung tas de folz philosophes et medecins, qui perdent temps à disputer dont vient la chaleur de cesdictes eaux, ou si c’est à cause du Baurach,