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baye et ouverte, il leur en remplit tout le gouzier, tant que ces pouvres haires toussissoient comme regnards, cryans. Ha Pantagruel, tant tu nous chauffes le tizon. Mais tout soubdain print envie à Pantagruel de pisser, à cause des drogues que luy avoit baillé Panurge, et pissa parmy leur camp si bien et copieusement qu’il les noya tous : et y eut deluge particulier dix lieues à la ronde. Et dit l’histoire, que si la grand iument de son pere y eust esté et pissé pareillement, qu’il y eust eu deluge plus enorme que celluy de Deucalion : car elle ne pissoit foys qu’elle ne fist une riviere plus grande que n’est le Rosne. Ce que voyans ceulx qui estoient issuz de la ville, disoient. Ilz sont tous mors cruellement, voyez le sang courir. Mais ilz y estoient trompez, pensans de l’urine de Pantagruel que feust le sang des ennemys : car ilz ne le veoyent sinon au lustre du feu des pavillons et quelque peu de clarté de la lune. Les ennemys apres soy estre reveillez voyans d’ung cousté le feu en leur camp, et l’inundation et deluge urinal, ne sçavoient que dire ny que penser. Aulcuns disoient que c’estoit la fin du monde et le iugement final, qui doibt estre consommé par le feu : les aultres, que les dieux marins, Neptune et les aultres, les persecutoient : et de faict c’estoit eau marine et sallée. Ô qui pourra maintenant racompter comment se porta Pantagruel contre les troys cens geans. Ô ma muse, ma Calliope, ma thalye, inspire moy à ceste heure, restaure mes espritz : car voicy le pont aux asnes de Logicque, voicy le tresbuchet, voicy la difficulté de povoir exprimer l’horrible bataille qui fut faicte. À la mienne voulenté que ie eusse maintenant ung boucal du meilleur vin que beurent iamais ceulx qui liront ceste histoire tant veridicque.