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Panurge luy voulut faire raire les cheveulx pour sçavoir si la dame avoit point faict escrire avecques fort moret sur sa teste raise, ce qu’elle vouloit mander : mais voyant que ses cheveulx estoient fort grans, il s’en desista, considerant qu’en si peu de temps ses cheveulx n’eussent pas creuz si longs. Alors dit à Pantagruel. Maistre par les vertuz dieu ie n’y sçauroys que faire ny dire. Ie ay employé pour congnoistre si rien y a icy esté escript, une partie de ce qu’en met Messere Francesco di Nianto le Thuscan qui a escript la maniere de lire lettres non apparentes : et ce que escript Zoroaster peri grammaton acriton. Et Calphurnius bassus de literis illegibilibus, mais ie n’y voy riens, et croy qu’il n’y a aultre chose que l’aneau. Or le voyons. Lors en le regardant trouverent escript par le dedans en hebrieu Lamah hazabtani, dont appellerent Epistemon, luy demandant que c’estoit à dire ? A quoy respondit que c’estoit ung nom hebraicque signifiant, pourquoy me as tu laissé : dont soubdain replicque Panurge, Ientends le cas, voyez vous ce dyament, c’est ung dyament faulx. Telle est doncques l’exposition de ce que veult dire la dame. Dy amant faulx pourquoy m’as tu laissée ? Laquelle exposition entendit Pantagruel incontinent : et luy souvint comment à son departir il n’avoit point dit à dieu à la dame et s’en contristoit, et voulentiers feust retourné à Paris pour faire la paix avecques elle. Mais Epistemon luy reduyt à memoire le departement de Eneas d’avecques Dido, et le dict de Heraclides Tarentin, qu’à la navire restant à l’ancre, quand la necessité presse, il fault coupper la chorde plus tost que perdre temps à la delyer. Et qu’il debvoit laisser tous pensemens