diable, comme expose Merl. Coccaius, libro secundo de Patria diabolorum. Le diable me prendrait sans vert, s’il me rencontrait sans dés. »
Les dés furent tirés et jetés, et tombèrent ès points de cinq, six, cinq : « Ce sont, dit Panurge, seize. Prenons les vers seizièmes du feuillet. Le nombre me plaît et crois que nos rencontres seront heureuses. Je me donne à travers tous les diables, comme un coup de boule à travers un jeu de quilles, ou comme un coup de canon à travers un bataillon de gens de pied (gare, diables, qui voudra), en cas qu’autant de fois je ne belute[1] ma femme future la première nuit de mes noces.
— Je n’en fais doute, répondit Pantagruel ; jà besoin n’était en faire si horrifique dévotion. La première fois sera une faute et vaudra quinze ; au déjucher[2], vous l’amenderez : par ce moyen seront seize.
— Et ainsi, dit Panurge, l’entendez ? Onques ne fut fait solécisme par le vaillant champion, qui pour moi fait sentinelle au bas-ventre. M’avez-vous trouvé en la confrérie des fautiers ?[3] Jamais, jamais, au grand fin jamais. Je le fais en père et en béat père, sans faute. J’en demande aux joueurs. »
Ces paroles achevées furent apportées les œuvres de Virgile. Avant les ouvrir, Panurge dit à Pantagruel : « Le cœur me bat dedans le corps comme une mitaine. Touchez un peu mon pouls en cette artère du bras gauche : à sa fréquence et élévation, vous diriez qu’on me pelaude[4] en tentative de Sorbonne. Seriez-vous point d’avis, avant procéder outre, qu’invoquions Hercules et les déesses Ténites, lesquelles on dit présider en la chambre des sorts ?
— Ni l’un, répondit Pantagruel, ni les autres. Ouvrez seulement avec l’ongle. »
COMMENT PANTAGRUEL EXPLORE PAR SORTS VIRGILIENS QUEL SERA LE MARIAGE DE PANURGE.
Adonc ouvrant Panurge le livre, rencontra on[5] rang seizième ce vers :
Nec Deus hunc mensa, Dea nec dignata cubili est.
Digne ne fut d’être en table du dieu,
Et n’eut on lit de la déesse lieu.