fiançailles de merde. C’est par Dieu ! le naïf banquet des Lapithes, décrit par le philosophe Samosatois. »
Chicanous ne parlait plus. Les recors s’excusèrent qu’en daubant ainsi n’avaient eu maligne volonté et que pour l’amour de Dieu on leur pardonnât. Ainsi départent[1]. À demi-lieue de là chicanous se trouva un peu mal. Les recors arrivent à l’Île-Bouchard, disants publiquement que jamais n’avaient vu plus homme de bien que le seigneur de Basché, ni maison plus honorable que la sienne, ensemble[2] que jamais n’avaient été à telles noces. Mais toute la faute venait d’eux qui avaient commencé la frapperie. Et vécurent encore ne sais quants[3] jours après.
De là en hors[4] fut tenu comme chose certaine que l’argent de Basché plus était au chicanous et recors pestilent, mortel et pernicieux que n’était jadis l’or de Toulouse et le cheval Séjan à ceux qui le possédèrent. Depuis fut le dit seigneur en repos et les noces de Basché en proverbe commun.
COMMENT PAR FRÈRE JEAN EST FAIT ESSAI DU NATUREL DES CHICANOUS.
« Cette narration, dit Pantagruel, semblerait joyeuse, ne fût que devant nos yeux faut la crainte de Dieu continuellement avoir.
— Meilleure, dit Épistémon, serait, si la pluie de ces jeunes gantelets fût sur le gras prieur tombée. Il dépendait[5] pour son passe-temps argent, part à fâcher Basché, part à voir ses chicanous daubés. Coups de poing eussent aptement atouré[6] sa tête rase, attendue l’énorme concussion que voyons hui[7] entre ces juges pédanés[8] sous l’orme. En quoi offensaient ces pauvres diables chicanous ?
— Il me souvient, dit Pantagruel à ce propos, d’un antique gentilhomme romain, nommé L. Nératius. Il était de noble famille et riche en son temps. Mais en lui était cette tyrannique complexion que, issant[9] de son palais, il faisait emplir les gibecières de ses valets d’or et d’argent monnayé, et, rencontrant par les rues quelques mignons braguards[10] et mieux en point, sans d’iceux être aucunement offensé, par gaîté de cœur leur