Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Vignette 148
Vignette 148

R s’en vont les nobles champions à leurs adventures, bien deliberez d’entendre quelle rencontre fauldra poursuyvre, & de quoy se fauldra contregarder, quand viendra la iournée de la grande & horrible bataille. Et le Moyne leur donne couraige, disant. Enfans n’ayez ny peur ny doubte. Ie vous conduyray seurement. Dieu & sainct benoist soient avecques nous. Si iavoys la force de mesmes le couraige, par la mort dieu ie vous les plumeroys comme un canart. Ie ne crains rien fors l’artillerie. Toutesfoys ie sçay quelque oraison, que m’a baillé le soubsecretain de nostre abbaye, laquelle guarantit la personne de toutes bouches à feu. Mais elle ne me profitera de rien, Car ie n’y adiouste poinct de foy. Toutesfoys mon baston de croix fera diables. Par dieu, qui fera la cane de vo’aultres, ie me donne au diable si ie ne le foys moyne en mon lieu, & l’enchevestre de mon froc. Il porte medicine à couhardise de gens. Avez point ouy parler du levrier de monsieur de Meurles, qui ne valoit rien pour les champs, il luy mist un froc au col, par le corps dieu il n’eschappoit ny lievre ny regnard davant luy. Et que plus est : couvrir toutes les chiennes du pays, qui au paravant estoit esrené, & de frigidis & maleficiatis.