Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ne fust Iuno, que dessoubz l’arc celeste
Avecq son duc tendoit à la pippée :
On luy eust faict un tour si tresmoleste
Que de tous poincts elle eust esté frippée.
L’accord fut tel, que d’icelle lippée
Elle en auroit deux œufz de Proserpie.
Et si iamais elle y estoit grippée,
On la lieroit au mont de l’Albespine.

Sept moys après, houstez en vingt & deux,
Cil qui iadis anihila Cartage,
Courtoysement se mist en mylieu d’eulx
Les requèrent d’avoi son heritage :
Du bien qu’on feist iustement le partage
Scelon la loy que l’on tire au rivet,
Distribuent un tatin du potage
À ses amis, qui firent le brevet.

Mais l’an viendra signé d’un arc turquoys,
De cinq fuseaux, a trois culz de marmite :
On quel le dos d’un roy trop peu courtoys
Poivre sera soubz vn habit d’hermite.
O la pitié. Pour vne chattemite
Laisserez vous engouffrer tant d’arpens ?
Cessez/ Cessez/ ce masque nul n’imite,
Retirez vous au frère des serpens.

Cest ans passé, cil qui est, regnera.
Paissiblement avecq ses bons amis.
Ny Brusq, ny Smach lors ne dominera
Tout bon vouloir aura son compromis.
Et le soulas qui iadis fut promis
Es gens du ciel, viendra en son befroy.