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entendre, que rien n’est ny sainct, ny sacré à ceulx qui se sont emancipez de dieu & raison, pour suyvre leurs affections perverses. Si quelque tort eust esté par nous faict en tes subiectz, & dommaiges, si par nous eust esté porté faveur à tes mal vouluz, si en tes affaires ne te eussions secouru, si par nous ton nom et honneur eut esté blessé : Ou pour mieulx dyre, si l’esperit calumniateur tentant à mal te tyrer eust par fallaces espèces, & phantasmes ludificatoyres mys en ton entendement, que envers toy eussions faict chose non digne de nostre ancienne amytié, Tu debvoys premier te enquerir de la verité, puis nous en admonester. Et nous eussions tant à ton gré satisfaict, que eusse occasion de toy contenter. Mais (o dieu eternel) quelle est ton entreprinse ? Vouldroys tu comme tyrant perfide piller ainsi, & dissiper le royaulme de mon maistre ? Le as tu esprouvé tant ignave, & stupide, qu’il ne voulust : ou tant destitué de gens, d’argent, de conseil, & d’art militaire, qu’il peust resister à tes iniques assaulx ? Depars d’icy presentement, & demain pour tout le iour soye retiré en tes terres, sans par le chemin faire aulcun tumulte ny force. Et paye mille bezans d’or pour les dommaiges que tu as faict en ces terres. La moytié payera demain, l’aultre moytié payeras es Ides de