Page:Rabelais - Œuvres, édition Lacroix, 1857.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AVERTISSEMENT


_________

J’ai introduit plusieurs améliorations fort importantes dans cette édition 1[1]. Ainsi la collation du Ve livre sur un manuscrit qui offre beaucoup de variantes et de passages inédits, outre un chapitre entier, intéressera sans doute au plus haut degré les bibliographes, les critiques et les amis de Rabelais. Ce manuscrit, conservé à la Bibliothèque du Roi sous le n° 7981/22 de l’ancien fonds, ne paraît pas avoir été consulté par les précédens éditeurs : il a été écrit vers le milieu du seizième siècle, peut-être d’après une copie de la main de Rabelais, puisqu’il ne contient pas le chapitre de l’île des Apedeftes ni les deux chapitres du Tournoi de la Quinte, qu’on a toujours regardés comme apocryphes ; de plus, on remarque dans le chapitre inédit une note qui se rapporte évidemment au dernier chapitre du IIe livre, où il est dit : « Vous aurez le reste de l’histoyre à ces foires de Francfort prochainement venentes, et là vous voyrrez comment Panurge feut marié. » Or les IIIe, IVe et Ve livres du Pantagruel ne font aucune mention de ce mariage de Panurge, qui se trouve cité dans la note du manuscrit ainsi conçue : « S’ensuyt qui estoit en marge et non compris on présent liure : Seruato in 4 lib. Panorgium ad nuptias. « Le reste de la note comprend rénumération de certains mets bizarres qui devaient probablement figurer au festin des noces de Panurge.

Ce manuscrit est d’autant plus précieux qu’il donne une physionomie toute nouvelle au Ve livre, en prouvant que Rabelais en est le véritable auteur ; car on voit clairement que les éditeurs ignorans qui le mirent au jour après sa mort, en pervertirent souvent le sens, qu’ils ne comprenaient pas, et altérèrent partout la langue admirable qu’ils n’étaient pas capables d’apprécier. Cependant on doit présumer que

  1. 1 Cette édition avait étéé commencée par M. Ch. Labitte, un de nos critiques les plus distingués, et les deux cents premières pages étaient même imprimées, lorsque le départ de cet écrivain laissa son travail interrompu. Ce fut alors qu’on me pria de continuer ce travail et d’achever l’édition sur le plan qui avait été suivi jusque là.