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plus avancé, persiste et se manifeste jusque sur le bord de la tombe. Né dans un pays de croyance, Rabbe resta sous l’influence du reflet mystérieux de cette foi qu’un imperturbable bonheur ensevelit profondément, mais qui, dans de cuisantes infortunes, se ravive presque toujours par les tortures de l’âme et du corps. Cependant il conçut la pensée du suicide ; mais en se familiarisant avec cette pensée, dans la persuasion, comme il le dit, que le suicide pourrait être un jour son propre fait, il demande sérieusement à sa raison, et à des autorités dont l’opinion ou l’exemple lui semblent d’un grand poids pour résoudre cette question, s’il y a des motifs réels de décider que le meurtre de soi est un acte contraire, soit aux principes de la vraie morale, soit à ceux de la vraie religion…

La réponse qu’il obtient a été en quelque sorte l’œuvre mortuaire et peut-être la sentence de notre ami.................. pourtant, examinée de sang-froid et avec ce calme de l’esprit qui permet de s’identifier, jusqu’à un certain point, avec toutes les natures et toutes les situations d’hommes, cette réponse laissera encore des doutes et des objections.