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le vieux cévenol.

singularité de l’oncle d’Ambroise et de sa vie retirée, dit que cet homme était toujours protestant, et qu’il lui avait entendu témoigner beaucoup de regret de son abjuration. Le doux Upokritès, qui savait son code des lois pénales sur le bout du doigt, lui demanda d’un air assez indifférent, avec qui il était lorsque cet homme avait tenu ce propos. Celui-ci lui nomma deux ou trois personnes très connues : Upokritès, triomphant, bâtit là-dessus un petit projet que l’on va voir exécuter tout à l’heure.

Il faut apprendre ici au lecteur de ces curieuses aventures, qu’il existe une ordonnance du roi[1], laquelle défend à ceux des nouveaux convertis qui ont une fois abjuré la R. P. R. d’oser dire qu’ils se repentent de l’avoir fait ; et cette ordonnance condamne aux galères ceux qui auront l’audace et la témérité de publier qu’ils sont encore huguenots ; et de peur que la marche réfléchie de la justice n’adoucisse la sévérité de cette peine, on en commet l’exécution à MM. les intendants. Observez de plus, lecteurs, que cette ordonnance, dont on est sans doute encore redevable au zèle de ce bon père La Chaise, appelle cette rétractation un crime, parce qu’en effet c’est un crime de se rétracter, quand on est libre, de ce qu’on avait promis aux sabres et aux pistolets des dragons. Il suivait de cette ordonnance, que l’oncle d’Am-

  1. 22 mars 1690.