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ce qui arrive à l’oncle d’ambroise.

pompe militaire, afin de leur rappeler la mémoire de ce que savaient faire les dragons. On battait la caisse par toute la ville, on distribuait des soldats dans tous les carrefours, et, après cette recherche, on brûlait en place publique les livres que l’on avait trouvés ; on punissait sévèrement les délinquants ; et les bonnes âmes, touchées de ces généreuses expéditions, priaient Dieu que l’on trouvât un grand nombre de coupables.

Cependant le grief d’Upokritès contre l’oncle d’Ambroise n’était pas d’avoir trouvé chez lui des livres hérétiques, mais bien de n’y en avoir point trouvé ; car il faut convenir que cet honnête homme avait parfois le cœur méchant, et qu’il était trop âpre à la curée ; l’espoir des confiscations et des amendes le rendait capable de tout. Le hasard qui, comme on le prouve si clairement aujourd’hui, gouverne le monde avec beaucoup d’intelligence, vint favoriser la sainte avidité d’Upokritès. Quelqu’un parlant devant lui de la

    que leur religion n’eût plus aucune consistance, et qu’ils fussent réduits à vivre sans loi, sans principe et sans foi.

    Pour y parvenir plus sûrement, on a employé toute la sévérité de l’inquisition la plus violente. Étienne Arnaud fut condamné aux galères, en 1745, pour avoir distribué des livres de prières ; son Nouveau Testament et ses Psaumes furent attachés au carcan avec lui. Le nommé Issoire, de Nimes, subit le même genre de supplice, et quantité de gens de la même ville furent contraints de prendre la fuite, ou furent détenus longtemps en prison. L’intendant d’Auch fit brûler, en 1746, nombre de livres religieux.