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CHAPITRE V.

misère de la mère d’ambroise.

Nous avons vu combien la mère du jeune Ambroise était attachée à sa religion. On donne, très à propos, à ce ridicule attachement le nom odieux de fanatisme. En effet, il n’y a rien de plus absurde que de ne pas changer d’opinion aussitôt que l’on en est prié par une brigade de cavalerie ou par une troupe de dragons. Rien de plus aisé que d’adopter un sentiment opposé à celui que l’on a eu pendant quarante ou cinquante années, et il est clair comme le jour que, quoique la nature, les gouvernements et l’éducation nous conduisent nécessairement à voir tous d’une manière différente, le prince n’a qu’à lever le doigt pour que cent millions de sujets, s’il les a, doivent penser incontinent comme lui[1]. D’après ce prin-

  1. Un ancien poète, au rapport de Bayle, disait que les dieux se servaient des hommes comme de balles pour jouer à la paume. Les rois d’Angleterre firent de l’âme de leurs