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le vieux cévenol.

que les Jésuites sont les auteurs de toutes ces vexations, plus pour leurs intérêts que pour ceux de la France, notre roi soit assez aveugle pour ne pas s’en apercevoir. »

Ambroise déplora, avec son ami, la faiblesse des rois et le malheur des peuples. « Cependant, » disait-il, « pour que les Jésuites obtiennent l’empire de tout le monde connu, faudra-t-il que je n’aie aucun métier et que je meure de faim ? » — « Toutes les ressources ne vous sont pas fermées, lui dit son ami ; la voie du commerce vous est ouverte. Monseigneur de Louvois n’a point songé à cet article, et je prévois que les protestants, si ruinés et si malheureux aujourd’hui, feront un jour fleurir les villes et les provinces qu’ils habiteront. Le commerce est un état honnête et utile ; peut être pourrez-vous y réparer, un jour, les pertes qu’une dure persécution vous a occasionnées. »

Ambroise profita du conseil de son ami et entra chez un marchand, dont il se fit chérir par son application et par ses mœurs[1].

  1. La prédiction de l’ami d’Ambroise s’est accomplie. Les protestants ont sauvé le commerce en France. Les principaux négociants de Bordeaux, de Lyon, de Marseille, les plus fameux banquiers de Paris sont protestants. Ce sont des protestants qui dirigent les belles manufactures de soie du Languedoc ; et ces sujets utiles et opprimés se livraient à l’industrie dans le royaume, tandis que leurs frères réfugiés en Angleterre, aidaient y porter les arts utiles à ce point de perfection qui fait l’objet de notre émulation et de notre envie.