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parti que prend ambroise.

core être ni imprimeurs, ni libraires, ni orfèvres[1], et que, quant aux métiers manuels, ils leur étaient pareillement interdits, quoique, à la vérité, d’une manière indirecte ; qu’il aurait de la peine à trouver des artisans qui voulussent le prendre pour apprenti, parce que les ordonnances, très sévères en ce point, défendaient aux artisans protestants de prendre des apprentis de leur secte[2], et qu’apparemment il répugnait à entrer chez un maître catholique.

« Expliquez-moi, je vous prie, » lui dit Ambroise, « la cause de ces lois injustes. Je ne puis pas croire que le roi soit instruit de ces iniquités, et qu’il se plaise à donner des déclarations qui gênent la liberté de ses sujets, les réduisent à la mendicité et les forcent à abandonner leur patrie. » — « Je vous le dirai, » repartit son ami ; « le roi ignore, en effet, une partie des cruautés que l’on commet en son nom, et peut-être ferme-t-il les yeux sur l’injustice du reste. Il est malheureux pour lui qu’il connaisse si peu les véritables intérêts de ses peuples, et qu’il ne sente pas qu’en leur faisant des violences inutiles, il déshonore la fin d’un des plus beaux règnes dont l’histoire fasse mention, et qu’il fait passer sa richesse et sa gloire chez ses ennemis. Mais ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que, tandis que l’Europe entière voit bien

  1. Arrêt du Conseil, du 9 juillet 1685.
  2. Sentence de la police de Paris, du 13 mại 1681.