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absolument au service. « Conseillez-moi, » lui dit-il ; « vous voyez mon embarras : plusieurs fois j’ai désiré de quitter mon ingrate patrie ; mais la pensée de vous laisser seule dans cette terre proscrite m’en a toujours détourné ; mes maux me semblent plus doux lorsque je les associe aux vôtres. »

« Vous sentez-vous, » lui dit alors sa mère, « ce courage si nécessaire aux infortunés, et croyez-vous que toute profession soit honorable, lorsqu’on s’y conduit en honnête homme ? » — « J’entends, » dit Ambroise ; « il faut descendre de mon état ; il m’en coûtera, sans doute ; mais si je réserve ma religion et ma conscience, j’aurai tout gagné. Des infortunés comme nous ne peuvent pas se repaître de projets ambitieux ; que je vive pour vous consoler : voilà désormais à quoi tendra toute mon ambition. » — « Je m’attendais à cette réponse, Oui, mon fils, il faut prendre un métier, et, dans le choix, il faudra consulter notre conscience et notre fortune. Allez ; vous connaissez M. de S… ; il est de nos amis ; demandez-lui des conseils, et, quoi qu’il arrive, ne perdez jamais de vue ce que vous devez à Dieu, à votre religion et à la plus tendre des mères. »

Ambroise sortit pour aller consulter son ami. Celui-ci l’étonna beaucoup, en lui apprenant qu’il n’y avait aucune profession noble qui ne fût interdite aux protestants : qu’ils ne pouvaient en-