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le vieux cévenol.

broise. « À peu près, mon ami : c’est un édit du roi du 15 septembre 1685, qui défend à tous chirurgiens et apothicaires de la R. P. R. de faire aucun exercice de leur art. » — « Mais quelle peut être la raison de cette défense ? » — « C’est que les apothicaires, étant appelés cinq ou six fois dans l’année à aller voir des malades, et ayant fait des études de théologie, pourraient, par leurs arguments, détourner les protestants d’embrasser la religion catholique[1]. Ainsi, il est prudent, pour le salut des susdits malades, qu’il n’y ait que des catholiques qui les approchent. »

Ambroise, qui ne s’était pas douté de ce motif, lui repartit : « Si cela est ainsi, il faut donc que ceux qui environnent un malade soient catholiques ; que ses domestiques le soient aussi ? — « Sans doute, dit l’apothicaire ; « aussi y a-t-il une déclaration du roi qui défend à ceux de la R. P. R. d’avoir d’autres domestiques que des catholiques[2]. Vous comprenez bien que ce sont là autant d’espions qui sauront tout ce qui se passera dans vos maisons, qu’on le leur fera révéler dans les confessionnaux, et que les Jésuites ne manqueront pas d’instruire de tout

  1. Ce sont les motifs mêmes de l’édit du roi.
  2. 11 janvier 1686. La peine, pour les maîtres, était de « mille livres d’amende pour chaque contravention ; » et pour les domestiques, « les hommes aux galères, et les femmes au fouet et à être flétries d’une fleur de lys. »