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le vieux cévenol.

fois les Jésuites de forcer les protestants de France à se marier devant le prêtre ; mais qu’on s’en était bien repenti, quand on avait vu que cette opération violente n’avait servi qu’à peupler et à fortifier les pays hérétiques ; que ce n’était pas la seule sottise que les Jésuites leur eussent fait faire, et qu’on ne leur avait pas rendu selon leur mérite.

Muni de ce volume d’autorités, et soutenu par ce qu’il appelait la bonté de sa cause, Ambroise chargea de sa défense un avocat célèbre. Celui-ci plaida avec l’éloquence de la raison et du sentiment : il développa avec clarté et avec force les motifs employés par les plus célèbres jurisconsultes ; un nombreux auditoire l’interrompait par des applaudissements réitérés, et la justice et l’humanité parlant à tous les cœurs, on ne voyait que gens que les sanglots étouffaient, et qui finirent par fondre en larmes. Mais l’avocat adverse cita pompeusement le texte de la loi ; il y ramena constamment son éloquent adversaire ; il soutint gravement qu’il n’y a point aujourd’hui de protestants en France, parce qu’en 1715 la loi disait qu’il n’y en avait pas ; il assura même, d’une manière un peu trop dure, que l’État serait perdu s’il fixait le sort de deux millions d’enfants illégitimes qu’il renfermait dans son sein ; il insinua adroitement que cet heureux désordre faisait naître une foule de procès, et qu’il occupait fructueusement les tribunaux. Il ne