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le vieux cévenol.

bien qui appartenait à son fils. L’horreur du procédé l’aigrissait : « C’est à la vertu, » disait-il, « qu’il faut faire des sacrifices, mais le vice honteux doit être traité sans ménagement. À Dieu ne plaise que je cède, par faiblesse d’âme, des richesses que je méprise, mais dont je ne dois disposer qu’en consultant la justice et la générosité ! »

Le lecteur un peu instruit comprend qu’Ambroise n’avait point fait célébrer son mariage en face de l’église C. A. Romaine, ainsi que quatre ou cinq cent mille autres, qui ont procréé, comme on sait, environ deux millions d’enfants illégitimes à la gloire immortelle de notre législation. Il est clair que le mariage légitime n’a existé que dans les pays soumis aux canons du concile de Trente ; que le mariage n’est valide que lorsqu’il est sanctifié par le sacrement, et que, ne devant être accordé qu’aux catholiques, il suit évidemment qu’il n’est permis qu’aux catholiques de se marier. Ambroise, qui ne saisissait point toute cette belle doctrine, soutenait que le consentement des parents et des parties font le mariage, que le contrat en constate les conditions, que la cohabitation publique en fait la notoriété, que les enfants qui en naissent resserrent ces liens précieux auxquels ils doivent l’existence ; qu’ils sont légitimes parce que le pacte est réel et que les conditions en ont été remplies, et que le bien que le prêtre dit au mariage, ou la bénédiction, ne le consacre que devant Dieu, que l’on prend