Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
ambroise va au prêche.
un discours qui avait pour but de leur inspirer la vertu, chacun se retira chez soi, trempé de sueur, mais satisfait d’avoir rendu à Dieu l’hommage qu’il croyait lui être agréable.

Quelques personnes étant allées dans une maison de campagne peu éloignée, pour y prendre leur repas, Ambroise y fut convié. Il y avait dans la compagnie deux étrangers que la curiosité seule avait conduits dans cette assemblée. L’un d’eux était un de ces observateurs ingénieux qui voyagent encore plus pour étudier les hommes que pour connaître les monuments de l’antiquité ; il disait que c’est particulièrement dans les rendez-vous de la multitude que l’on connaît les mœurs et l’esprit général d’un peuple, que c’est sur l’opinion du grand nombre que les lois doivent être fondées, soit pour la réformer quand elle est vicieuse, soit pour la tolérer quand elle est indifférente, soit pour lui donner des encouragements quand elle contribue au bien de la société ; il pensait que les observateurs devaient s’attacher par-dessus tout à étudier cet esprit général qui varie bien plus que les climats et les habits. Son compagnon plus jeune, n’ayant encore que regardé les hommes sans les approfondir, n’avait pas eu le temps de comparer les opinions particulières de certains peuples avec les idées primitives qui se retrouvent chez toutes les nations. Il était aussi plus léger dans ses propos. Il avait été choqué de la musique monotone qu’il avait