Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XIII.

embarquement d’ambroise.

Cependant la chaîne s’avançait vers Marseille, et la recrue de forçats étant devenue plus grande qu’on ne l’avait espéré, on ne savait que faire de tant de gens. Il n’y avait que ceux qui étaient chargés de les nourrir que cette lenteur accommodait, parce qu’ils leur donnaient si peu d’aliments et d’une si mauvaise qualité qu’ils y faisaient des profits considérables.

Plusieurs jours se passèrent, pendant lesquels nos forçats ne doutaient pas qu’ils ne dussent monter sur les galères, ainsi que leur sentence le portait. Mais on vint leur annoncer, comme une grâce spéciale, qu’ils allaient être embarqués pour le Nouveau-Monde. Loin de se réjouir de cette nouvelle, ils en frémirent, parce qu’ils avaient ouï dire qu’on y traitait les exilés de la même manière que les nègres. Mais tous leurs gémissements étaient inutiles ; ils avaient à faire à des gens qui ne les écoutaient pas. On pressa l’embarquement.