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le vieux cévenol.

sant que le gouvernement pourrait bien être tenté de supprimer des lois qui, si on les laissait subsister, entretiendraient au moins ces dispositions aujourd’hui si rares et qu’on a un si grand sujet de regretter.

Ambroise fut d’abord jeté, avec deux de ses compagnons, dans un cachot très étroit, où il leur fut impossible de dormir toute la nuit parce qu’on leur avait laissé leurs chaînes. Ils entendirent des cris plaintifs, et comme des voix de femmes qui poussaient des gémissements affreux ; bientôt elles entonnèrent des psaumes auxquels d’autres voix se joignirent de divers endroits de la prison. Nos trois forçats, émus de ce concert, s’y joignirent aussi, et pendant une heure, cet horrible séjour retentit des hymnes de ceux qui y étaient renfermés. Mais à ces cantiques succédèrent ensuite, dans un cachot au-dessus de celui d’Ambroise, les cris perçants de deux femmes, que quelqu’un maltraitait à grands coups de nerf de bœuf. Cette horrible exécution dura près de demi-heure ; et la porte s’étant refermée avec bruit, ils n’entendirent plus que des gémissements et des sanglots. Nos prisonniers étaient impatients de savoir qui étaient ces femmes, dont la situation semblait encore plus déplorable que la leur ; ils parvinrent à ôter quelques briques du pavé, et s’étant fait entendre à ces femmes, ils leur apprirent qui ils étaient, où ils allaient ; et leur demandèrent ensuite qui elles étaient elles-mêmes,