Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
ambroise veut sortir du royaume.

mois afin de leur laisser le temps de s’échapper ; mais, voyant que son attente était vaine, il se décida enfin à prendre la route de la Suisse, pour passer de là en Hollande, où il avait des parents. Il ne manqua pas de compagnons de voyage. On venait précisément alors de renouveler l’exécution de cette déclaration du roi[1] qui ordonne aux pères et aux mères de faire baptiser leurs enfants à l’église dans les premières vingt-quatre heures. Les convertisseurs étaient très ardents à faire exécuter cette loi, et les protestants ne pouvaient soutenir ce nouveau genre de persécution. Ils disaient que l’Église regardant comme siens les enfants qu’elle avait baptisés, on les leur enlèverait un jour pour les mettre dans des couvents ; qu’ils ne pouvaient pas consentir à promettre d’élever leurs enfants dans la religion romaine, comme ce baptême forcé les y engageait ; qu’ils savaient bien que ce n’était là qu’un prétexte pour les soustraire un jour à l’autorité paternelle. Ils se rappelaient que, la même violence ayant été

    présence du major du régiment de Vivonne et du juge de la ville. Il y en avait huit de coupables, dont la plus jeune avait seize ans, et dont la plus âgée n’en avait que vingt-trois. Cependant, on les traita comme des enfants de six à sept ans. Elles furent fouettées à la vue de plusieurs de leurs compagnes, pour leur servir d’exemple. Pendant l’exécution, elles reprochaient à ces hypocrites leur fausse piété, qui les faisait renoncer à la pudeur de leur sexe… » (Benoit, Hist. de l’édit de Nantes, tome V, pages 884, 893 et ailleurs).

  1. 13 décembre 1698, art. 8.