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mort tragique de la mère d’ambroise.

d’une amende de 500 livres, de retirer sous prétexte de charité, les malades de la Religion Prétendue Réformée. Cette loi est contraire à la justice ; elle foule aux pieds l’humanité ; je conviens de tout cela ; mais ma fortune ne me permet pas de faire ces sacrifices ; et vous devriez vous apercevoir déjà que votre séjour trop long devant ma porte m’expose et vous perd. » Ambroise, terrassé par ce refus, ne pouvait en croire ses oreilles ; mais son amour pour sa mère lui donnait des forces, et, reprenant son fardeau, il continua de marcher, en tâtonnant, au milieu des ténèbres, aussi effrayé, en faisant cet acte d’héroïsme, que s’il eût commis le plus grand forfait.

Il y avait une petite rue écartée, qui menait hors de la ville, dans une chaumière déserte. Ce fut dans cette masure abandonnée qu’Ambroise alla se réfugier. Sa mère était accablée de fatigue et de souffrance ; son sang se perdait, et elle connut elle-même que sa fin était prochaine. « Non, ma mère, » lui disait son fils, « je ne puis croire que la providence vous arrache de mes bras d’une manière si cruelle ! Le ciel est juste : il ne permettra pas que je vous perde dans un temps où j’ai tant besoin de vos secours. Ah ! vivez pour ma consolation et pour mon bonheur ! Souffrez que j’envoie cet homme

    poisonné des hôpitaux, et l’arrêt punissait d’une amende la pratique des vertus que l’Évangile enseigne.