Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
mort tragique de la mère d’ambroise.

avait été blessée d’un coup de feu au-dessous des côtes ; son fils courut chez un chirurgien pour demander du secours. Que de larmes ne versa-t-il point lorsqu’on lui apprit que la blessure était mortelle, et que sa bonne mère n’avait plus que quelques heures à vivre ! Mais il fallait qu’il savourât toute l’horreur qui accompagnait alors les derniers moments. Le chirurgien le tira à l’écart : « Je ne puis éviter, monsieur, » lui dit-il, « de faire mon devoir et d’avertir le curé du danger où est votre mère ; il doit lui apporter les secours spirituels ; je serais puni, si je ne lui en donnais pas avis. » Ambroise effrayé n’épargna ni larmes, ni prières, pour empêcher le chirurgien de faire cette funeste dénonciation. Celui-ci répondit que la Déclaration du roi était trop expresse[1] ; qu’il y avait une amende de 300 livres, et qu’il ne pouvait pas, pour lui faire plaisir, s’exposer à la payer. En disant ces mots il enfila l’escalier et descendit avec précipitation. Ambroise connaissait ce qu’avait de terrible pour un mourant l’arrivée du curé et des officiers de la justice, leurs sollicitations, leurs menaces et le procès-verbal dressé, sans ménagement, sous les yeux du mourant lui-même. Ce cas-ci deve-

    hommes du régiment de l’Île-de-France, qui firent en outre trois cents prisonniers, lesquels se laissèrent prendre comme des agneaux, quoique l’assemblée fût fort nombreuse.

  1. 13 décembre 1698, art. 12. Arrêt du Parlement de Toulouse, 22 juin 1699.