Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/853

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
412
JUSTINE.

— Qu’est-ce que c’est donc, monsieur l’abbé ? dit le concierge effrayé.

— Venez, mon ami ; venez le secourir, s’il en est temps encore.

Ils accoururent vers une fosse nouvellement comblée, sur laquelle ils aperçurent le corps du jeune homme, qui venait de se faire sauter la cervelle. Cette fosse était celle de Justine, l’abbé c’était Guibard ; le suicidé, c’était Georges, horriblement mutilé et se débattant encore en mordant la poussière, arrachant la terre avec ses ongles, en exhalant son dernier souffle… Le vieux galérien se berça une seconde dans l’espoir chimérique de ravir à la mort une victime si noble et si pure !… il retourna le mourant, posa la main sur son cœur : pénible déception ! il ne pressait plus qu’un cadavre.

C’est bien dommage, se disait Guibard,